La censure au Cinéma
Après avoir affirmé que le cinéma était "un business, pur et simple" en 1915, la Cour suprême des Etats Unis n'a pas toujours respecté ses propos par la suite.
Les premiers essais de libre expression au cinéma ont rapidement fait l'objet d'objections basées sur le sexe (un baiser trop long), les convictions religieuses, mais surtout l'influence du message sur le public (par exemple cette scène où des femmes fument en public dans Carmen). Chaque métropole développait son Association de Censure - généralement menée par des membres du Clergé - et discutaient chaque sortie de film avec l'ACLU (American Civil Liberties Union) et les sociétés de production.
Avec le pouvoir grandissant des autorités de censure, de nombreuses discussions se terminaient devant la Cour Suprême, entre cures et producteurs. A partir de 1952, cette dernière fit de plus en plus appel au Premier Amendement, sous l'influence de Tom Clark qui établit une fois pour toutes, que "le pouvoir d'influence du cinéma n'était pas négligeable en effet, mais que cela ne suffisait pas pour lui retirer le droit d'expression".
A partir de 1968, les associations de censure étaient déchues de leurs pouvoirs locaux. La Cour Suprême, quoique lassée de devoir gérer ces nombreux cas, détenait la décision finale. Aujourd'hui, l'industrie du film s'auto-régule avec le système de classement de la MPAA (Motion Picture Association of America). L'idée étant de segmenter l'audience en groupes d'âges (donc d'influence) et de restreindre la portée de certains films à des audiences limitées.
Aujourd'hui encore, on observe des cas isolés de censure forcée, comme cette école du Wisconsin qui barrait l'accès à ses élèves pour La liste de Schindler ou ces films que certains Etats ne peuvent vendre sous le label "Unrated version" (version longue).
Voici donc quelques films que vous n'auriez peut être jamais vu, ou vu avec omissions des dérangeants "cul-bites-couilles", si notre ami Tom Clarke était resté chez lui ce soir de 1968
Amistad
Ce Spielberg nominé aux Oscars a failli être amputé lui aussi. Amistad qui raconte l'histoire d'esclaves noirs enlevés de leurs tribus et importés à Cuba par les Espagnols, est un parfait exemple de l'opposition entre la liberté d'expression et le pouvoir des groupes de pression.
La première scène du film faisant l'objet de la censure montre le groupe d'esclaves se libérer de leurs marchands blancs d'une façon sanglante. L'autorité cinématographique jamaiquaine (composée de 5 membres dont un seul issu de l'industrie du cinéma) refusa le film et exigea la suppression de cette scène "portant trop atteinte à l'histoire des habitants, pour 90% issus d'esclaves Africains". Malgré le bien fondé historique dans le scénario de Spielberg, Jamaiquains et Mormons Americains n'ont jamais vu cette scène. Mais peut-on vraiment comprendre un film, si on lui enlève les 10 premières minutes ?
Anna & the King
Entre autres Meilleure direction artistique et meilleure bande sonore aux Oscars et Golden Globes, ce film n'a pas vu le jour en Thailande.
Ce cas-ci montre qu'une fable romancée à l'américaine mais basée sur des faits historiques étrangers peut poser problème. Anna (Jodie Foster) est une prof anglaise qui part vivre en Thailande après la mort de son mari. L'histoire d'Anna et du Roi Mongkut de Thailande est entremélée à l'hollywoodienne et c'est là que ça coince.
Anna qui embrasse la fille du roi sur les lèvres avant de la mettre au lit, le Roi qui jette sa couronne au sol de rage, et la romance qui lie le Roi et Anna, ont mené ce film a être non seulement censuré, mais banni de Thailande. Toute personne possédant une copie risquait un an de prison. La famille royale a finalement vu le film lors d'un voyage diplomatique, néanmoins sans critique particulière. Bref, une copie Thai est aujourd'hui une pièce de collection.
Basic Instinct
Pas étonnant de retrouver Paul Verhoeven dans cette liste. Et pour ceux qui ont vu le film, on a tous quelques idées des raisons qui ont fait l'objet d'une censure. Un meurtre brutal ? De la nudité et du sexe ? Raté. Enfin, pas tout a fait ...
Le film a créé un véritable mouvement de protestation au sein de la communauté Gay et Lesbienne.
Des associations de Los Angeles et San Francisco (ACT UP et Queer Nation) accu- saient le film, quoique abordant un type d'acteurs généralement invisibles ou cachés, de montrer une héroine bisexuelle comme violente et mentalement dérangée. Ceci menant a la diffusion d'une image péjorative de la communauté homosexuelle.
Verhoeven a donc du gérer les bombes de peinture lancées sur le plateau, les klaxons des voitures dans les rues avoisinantes, le harcèlement de Douglas et Stone lors de la cérémonie des Oscars, et les piquets de protestation a l'entrée de nombreux cinémas.
Sans oublier le propriétaire (gay) d'un café qui louait son site pour le film, qui a vu sa voiture démolie, sa serrure remplie de colle, son répondeur plein de menaces, et son bar boycotté par la suite.
Verhoeven n'a jamais changé son script, mais a filmé certaines scènes d'un autre angle, histoire d'obtenir le "R-Rating" (admis au plus de 16 ans accompagnés). Comme quoi il faut de l'audace et de la persévérance à Hollywood. Les dollars ne font pas tout.
La Dolce Vita
En 1959, Fellini pose un problème a l'industrie mondiale du cinéma. C'est le début de l'internationalisation des films européens, qui sont issus d'une toute autre culture. Arrivé aux Etats-Unis, le film provoque par sa critique de certaines valeurs profondes de l'Eglise catholique.
Mais le film est si vrai et tant axé sur des siècles d'histoire et de culture que rien dans le jeu des personnages n'était vraiment condamnable selon les critères d'objection des associations de censure américaines. Le film, longuement discuté n'a finalement subi aucune alteration majeure.
Voyant son ridicule et sa désuetude, l'Eglise catholique ne pouvait critiquer ce film sur la base de simples désaccords. La Catholic Legion of Decency (LOD), très puissante jusque là, décida dès lors de modifier sa "grille d'analyse". Le système binaire, "accepté-refusé" jusque là utilisé pour l'autorisation de projection devait se nuancer. De même, l'échelle de la MPAA a vu de nouveaux critères se rajouter. Les bases étaient jetées pour une censure basée sur l'âge et la sensibilité des spectateurs.
La plupart des films européens étaient dès lors acceptés car "jugés d'une réelle qualité artistique" mais faisaient l'objet de restrictions quant à l'âge de son audience.
Dracula
Plus tôt encore, Carl Laemmle proposa un des premiers films d'horreur de l'histoire. Carl a même du se battre contre son propre père (président de la MPAA) pour faire accepter le film, finalement produit par Tod Browning en 1931.
Le paradoxe de Dracula, c'est que pour ce film là, aucune instance de censure n'avait réellement d'objection fondée, car aucun texte n'avait prévu le cas des vampires. Mais c'est au contraire le public qui s'indignait du choquant chef d'œuvre.
Le timing n'était peut-être pas idéal non plus. A l'époque de la grande crise boursière (1929-1933), les gens recherchaient plutôt l'onirisme et suivre une histoire rassurante avec des valeurs simples. Personne auparavant n'avait vraiment créé une telle controverse. Mais de nouveau, si le film choquait, nul ne trouvait un passage précis a critiquer. "Dracula ne devrait s'attaquer qu'aux femmes, pas aux hommes" était le genre de phrases que scandaient les premiers spectateurs. Finalement, la seule modification au script, fut la réadaptation du baiser de Dracula (avant de mordre ses innocentes victimes) en un prude baise-main.
The Miracle
S'il fallait retenir un film qui a lancé le débat sur le pouvoir devenu néfaste de la censure, ce serait le film italien Il Miracolo de Roberto Rossellini en 1948. Primé et applaudi au festival de Venise, le film a eu un bien autre accueil outre-atlantique.
Immédiatement critiqué par la Legion of Decency et le Catholic Cinematographic Center, le film a rapidement été retiré des salles après son apparition initiale au cinéma Paris à New York.
Le film raconte l'histoire d'une jeune bergère qui croise un jour un homme qui la fait boire et la "séduit". Le lendemain, elle ne se souvient plus très bien et s'imagine avoir eu une apparition de Saint Joseph. Elle se retrouve ensuite enceinte et se fait rejeter de son village qui la montre du doigt. Croyant porter le Christ, elle se réfugie dans une église où elle met son enfant au monde. Fin du film.
Le parti démocrate-chrétien italien qualifia le film "d'œuvre de toute beauté, vraie et sans malentendu quant aux jeux des acteurs" alors que les associations chrétiennes de censure américaine accusaient le film de "sacrilège". Un mot qui sera au tournant du pouvoir de la censure.
De nombreuses cours dans différents états ont interdit le film au public. L'affaire fut ensuite trainé jusqu'à la Cour Suprême en 1952, où il fut finalement decidé qu' "il ne s'agit pas de determiner si le film est ou non obscène et contraire au bonnes mœurs. Mais il est clair qu'il n'est pas du pouvoir de cours d'états et d'autres organismes d'interdire un film après l'avoir jugé profanatoire, et ce sur la base des articles premier et quatorze de la Constitution". Le caractere d'immoralité étant le plus fréquemment utilisé jusque là pour interdire la sortie d'un film aux Etats-Unis, il était dès à présent fermement décidé que les termes "Sacrilège, immoral, préjudiciable ou corrompu" étaient trop vagues pour constituer de réels critères de refus de projection.
Aujourd'hui, la censure est une institution bien organisée, et composée à la fois de membres de l'industrie du cinéma et de membres de groupes de pression. L'équilibre permet bien sûr de faire de meilleurs jugements. Sans oublier que l'audience (que nous sommes) est bien plus permissible et ouverte que celle de l'entre-deux guerres.
Parmi les films critiqués on retrouve aussi, Frankenstein (pour les mêmes motifs que Dracula), Le Dictateur de Chaplin (qui était bien inspiré pour critiquer Hitler à la veille de 1940), Lolita (de 1962, mais aussi de 1997 avec Jeremy Irons), l'excellent The Life of Brian des Monthy Pythons (je recommande d'ailleurs The Meaning of Life qui ne fait étonnamment pas partie de la liste), le mitigé Natural Born Killers d'Oliver Stone (qui a inspiré de nombreux imitateurs dans la vie réelle, comme par exemple ces 16 jeunes et leur profs qui ont trouvé la mort en Ecosse), ou encore La Liste de Schindler (qui ose critiquer l'excellent Spielberg ?) et Spartacus.
BIBLIOGRAPHIE
- Forbidden Films de Dawn Sova
- Lost Films de Frank Thompson
- The New Censors de Charles Lyons
- Pressures and Pictures de Gilbert Seldes
SOURCES
- www.hallucinez.com
Les premiers essais de libre expression au cinéma ont rapidement fait l'objet d'objections basées sur le sexe (un baiser trop long), les convictions religieuses, mais surtout l'influence du message sur le public (par exemple cette scène où des femmes fument en public dans Carmen). Chaque métropole développait son Association de Censure - généralement menée par des membres du Clergé - et discutaient chaque sortie de film avec l'ACLU (American Civil Liberties Union) et les sociétés de production.
Avec le pouvoir grandissant des autorités de censure, de nombreuses discussions se terminaient devant la Cour Suprême, entre cures et producteurs. A partir de 1952, cette dernière fit de plus en plus appel au Premier Amendement, sous l'influence de Tom Clark qui établit une fois pour toutes, que "le pouvoir d'influence du cinéma n'était pas négligeable en effet, mais que cela ne suffisait pas pour lui retirer le droit d'expression".
A partir de 1968, les associations de censure étaient déchues de leurs pouvoirs locaux. La Cour Suprême, quoique lassée de devoir gérer ces nombreux cas, détenait la décision finale. Aujourd'hui, l'industrie du film s'auto-régule avec le système de classement de la MPAA (Motion Picture Association of America). L'idée étant de segmenter l'audience en groupes d'âges (donc d'influence) et de restreindre la portée de certains films à des audiences limitées.
Aujourd'hui encore, on observe des cas isolés de censure forcée, comme cette école du Wisconsin qui barrait l'accès à ses élèves pour La liste de Schindler ou ces films que certains Etats ne peuvent vendre sous le label "Unrated version" (version longue).
Voici donc quelques films que vous n'auriez peut être jamais vu, ou vu avec omissions des dérangeants "cul-bites-couilles", si notre ami Tom Clarke était resté chez lui ce soir de 1968
Amistad
Ce Spielberg nominé aux Oscars a failli être amputé lui aussi. Amistad qui raconte l'histoire d'esclaves noirs enlevés de leurs tribus et importés à Cuba par les Espagnols, est un parfait exemple de l'opposition entre la liberté d'expression et le pouvoir des groupes de pression.
La première scène du film faisant l'objet de la censure montre le groupe d'esclaves se libérer de leurs marchands blancs d'une façon sanglante. L'autorité cinématographique jamaiquaine (composée de 5 membres dont un seul issu de l'industrie du cinéma) refusa le film et exigea la suppression de cette scène "portant trop atteinte à l'histoire des habitants, pour 90% issus d'esclaves Africains". Malgré le bien fondé historique dans le scénario de Spielberg, Jamaiquains et Mormons Americains n'ont jamais vu cette scène. Mais peut-on vraiment comprendre un film, si on lui enlève les 10 premières minutes ?
Anna & the King
Entre autres Meilleure direction artistique et meilleure bande sonore aux Oscars et Golden Globes, ce film n'a pas vu le jour en Thailande.
Ce cas-ci montre qu'une fable romancée à l'américaine mais basée sur des faits historiques étrangers peut poser problème. Anna (Jodie Foster) est une prof anglaise qui part vivre en Thailande après la mort de son mari. L'histoire d'Anna et du Roi Mongkut de Thailande est entremélée à l'hollywoodienne et c'est là que ça coince.
Anna qui embrasse la fille du roi sur les lèvres avant de la mettre au lit, le Roi qui jette sa couronne au sol de rage, et la romance qui lie le Roi et Anna, ont mené ce film a être non seulement censuré, mais banni de Thailande. Toute personne possédant une copie risquait un an de prison. La famille royale a finalement vu le film lors d'un voyage diplomatique, néanmoins sans critique particulière. Bref, une copie Thai est aujourd'hui une pièce de collection.
Basic Instinct
Pas étonnant de retrouver Paul Verhoeven dans cette liste. Et pour ceux qui ont vu le film, on a tous quelques idées des raisons qui ont fait l'objet d'une censure. Un meurtre brutal ? De la nudité et du sexe ? Raté. Enfin, pas tout a fait ...
Le film a créé un véritable mouvement de protestation au sein de la communauté Gay et Lesbienne.
Des associations de Los Angeles et San Francisco (ACT UP et Queer Nation) accu- saient le film, quoique abordant un type d'acteurs généralement invisibles ou cachés, de montrer une héroine bisexuelle comme violente et mentalement dérangée. Ceci menant a la diffusion d'une image péjorative de la communauté homosexuelle.
Verhoeven a donc du gérer les bombes de peinture lancées sur le plateau, les klaxons des voitures dans les rues avoisinantes, le harcèlement de Douglas et Stone lors de la cérémonie des Oscars, et les piquets de protestation a l'entrée de nombreux cinémas.
Sans oublier le propriétaire (gay) d'un café qui louait son site pour le film, qui a vu sa voiture démolie, sa serrure remplie de colle, son répondeur plein de menaces, et son bar boycotté par la suite.
Verhoeven n'a jamais changé son script, mais a filmé certaines scènes d'un autre angle, histoire d'obtenir le "R-Rating" (admis au plus de 16 ans accompagnés). Comme quoi il faut de l'audace et de la persévérance à Hollywood. Les dollars ne font pas tout.
La Dolce Vita
En 1959, Fellini pose un problème a l'industrie mondiale du cinéma. C'est le début de l'internationalisation des films européens, qui sont issus d'une toute autre culture. Arrivé aux Etats-Unis, le film provoque par sa critique de certaines valeurs profondes de l'Eglise catholique.
Mais le film est si vrai et tant axé sur des siècles d'histoire et de culture que rien dans le jeu des personnages n'était vraiment condamnable selon les critères d'objection des associations de censure américaines. Le film, longuement discuté n'a finalement subi aucune alteration majeure.
Voyant son ridicule et sa désuetude, l'Eglise catholique ne pouvait critiquer ce film sur la base de simples désaccords. La Catholic Legion of Decency (LOD), très puissante jusque là, décida dès lors de modifier sa "grille d'analyse". Le système binaire, "accepté-refusé" jusque là utilisé pour l'autorisation de projection devait se nuancer. De même, l'échelle de la MPAA a vu de nouveaux critères se rajouter. Les bases étaient jetées pour une censure basée sur l'âge et la sensibilité des spectateurs.
La plupart des films européens étaient dès lors acceptés car "jugés d'une réelle qualité artistique" mais faisaient l'objet de restrictions quant à l'âge de son audience.
Dracula
Plus tôt encore, Carl Laemmle proposa un des premiers films d'horreur de l'histoire. Carl a même du se battre contre son propre père (président de la MPAA) pour faire accepter le film, finalement produit par Tod Browning en 1931.
Le paradoxe de Dracula, c'est que pour ce film là, aucune instance de censure n'avait réellement d'objection fondée, car aucun texte n'avait prévu le cas des vampires. Mais c'est au contraire le public qui s'indignait du choquant chef d'œuvre.
Le timing n'était peut-être pas idéal non plus. A l'époque de la grande crise boursière (1929-1933), les gens recherchaient plutôt l'onirisme et suivre une histoire rassurante avec des valeurs simples. Personne auparavant n'avait vraiment créé une telle controverse. Mais de nouveau, si le film choquait, nul ne trouvait un passage précis a critiquer. "Dracula ne devrait s'attaquer qu'aux femmes, pas aux hommes" était le genre de phrases que scandaient les premiers spectateurs. Finalement, la seule modification au script, fut la réadaptation du baiser de Dracula (avant de mordre ses innocentes victimes) en un prude baise-main.
The Miracle
S'il fallait retenir un film qui a lancé le débat sur le pouvoir devenu néfaste de la censure, ce serait le film italien Il Miracolo de Roberto Rossellini en 1948. Primé et applaudi au festival de Venise, le film a eu un bien autre accueil outre-atlantique.
Immédiatement critiqué par la Legion of Decency et le Catholic Cinematographic Center, le film a rapidement été retiré des salles après son apparition initiale au cinéma Paris à New York.
Le film raconte l'histoire d'une jeune bergère qui croise un jour un homme qui la fait boire et la "séduit". Le lendemain, elle ne se souvient plus très bien et s'imagine avoir eu une apparition de Saint Joseph. Elle se retrouve ensuite enceinte et se fait rejeter de son village qui la montre du doigt. Croyant porter le Christ, elle se réfugie dans une église où elle met son enfant au monde. Fin du film.
Le parti démocrate-chrétien italien qualifia le film "d'œuvre de toute beauté, vraie et sans malentendu quant aux jeux des acteurs" alors que les associations chrétiennes de censure américaine accusaient le film de "sacrilège". Un mot qui sera au tournant du pouvoir de la censure.
De nombreuses cours dans différents états ont interdit le film au public. L'affaire fut ensuite trainé jusqu'à la Cour Suprême en 1952, où il fut finalement decidé qu' "il ne s'agit pas de determiner si le film est ou non obscène et contraire au bonnes mœurs. Mais il est clair qu'il n'est pas du pouvoir de cours d'états et d'autres organismes d'interdire un film après l'avoir jugé profanatoire, et ce sur la base des articles premier et quatorze de la Constitution". Le caractere d'immoralité étant le plus fréquemment utilisé jusque là pour interdire la sortie d'un film aux Etats-Unis, il était dès à présent fermement décidé que les termes "Sacrilège, immoral, préjudiciable ou corrompu" étaient trop vagues pour constituer de réels critères de refus de projection.
Aujourd'hui, la censure est une institution bien organisée, et composée à la fois de membres de l'industrie du cinéma et de membres de groupes de pression. L'équilibre permet bien sûr de faire de meilleurs jugements. Sans oublier que l'audience (que nous sommes) est bien plus permissible et ouverte que celle de l'entre-deux guerres.
Parmi les films critiqués on retrouve aussi, Frankenstein (pour les mêmes motifs que Dracula), Le Dictateur de Chaplin (qui était bien inspiré pour critiquer Hitler à la veille de 1940), Lolita (de 1962, mais aussi de 1997 avec Jeremy Irons), l'excellent The Life of Brian des Monthy Pythons (je recommande d'ailleurs The Meaning of Life qui ne fait étonnamment pas partie de la liste), le mitigé Natural Born Killers d'Oliver Stone (qui a inspiré de nombreux imitateurs dans la vie réelle, comme par exemple ces 16 jeunes et leur profs qui ont trouvé la mort en Ecosse), ou encore La Liste de Schindler (qui ose critiquer l'excellent Spielberg ?) et Spartacus.
BIBLIOGRAPHIE
- Forbidden Films de Dawn Sova
- Lost Films de Frank Thompson
- The New Censors de Charles Lyons
- Pressures and Pictures de Gilbert Seldes
SOURCES
- www.hallucinez.com
Libellés : Anti-Censure, Censure, Cinema
Publié par George Orwell le 08 mai 2007 à 11:22